Oserez-vous manger une saucisse knacki après avoir vu cette vidéo ?

Herta et la Knacki Original : entre innovation industrielle et traditions culinaires
En 1975, la marque Herta, filiale du géant alimentaire Nestlé, révolutionne le marché français en lançant la Knacki Original, une saucisse conçue spécifiquement pour les amateurs de camping. Facile à transporter, à conserver et à cuisiner sur un feu de camp, ce produit incarne l’essor des produits ultra-transformés adaptés aux modes de vie modernes. Basée à Noisiel, en Seine-et-Marne, Herta s’impose rapidement comme un acteur majeur de la charcuterie industrielle, avec un chiffre d’affaires annuel avoisinant les 650 millions d’euros. Pourtant, derrière ce succès commercial se cache une question fondamentale : si ces saucisses sont « célèbres », pour qui le sont-elles vraiment ? Pour les consommateurs soucieux de qualité, ou pour une industrie priorisant rentabilité et praticité ?
La Knacki, reflet d’une époque
Les années 1970 marquent en France une période de transition entre traditions culinaires et montée de la consommation de masse. La Knacki Original s’inscrit dans cette mouvance, ciblant les familles en quête de solutions rapides. Son format individuel, sa durée de conservation prolongée et son prix abordable séduisent. Mais cette innovation s’éloigne radicalement de l’ancêtre dont elle s’inspire : la saucisse de Strasbourg, ou knack, dont l’histoire remonte au XVIe siècle.
La knack, une spécialité alsacienne au patrimoine menacé
Originaire de Strasbourg, cette saucisse fumée traditionnelle était à l’origine composée d’un mélange de viandes de bœuf, de veau et de porc. Son nom dérive du verbe allemand knacken (« craquer »), évoquant le bruit caractéristique de sa peau sous la dent. Au fil des siècles, elle est devenue un symbole de la gastronomie alsacienne, servie dans les brasseries avec du chou braisé ou des pommes de terre.
Cependant, l’industrialisation a progressivement altéré sa recette. Aujourd’hui, la majorité des knacks produites en série contiennent principalement de la viande de porc, souvent enrichie de gras et de sous-produits carnés. Leur enveloppe, autrefois naturelle et craquante, est remplacée par des boyaux synthétiques, silencieux. Cette standardisation répond à des impératifs de coûts et de conservation, mais efface l’identité même du produit.