Les résultats du test ADN et la “surprise” que la femme a préparée pour son mari se trouvent dans…
Test ADN : prudence avec les infos ethniques
15 % ibérique, 25 % anglaise… Il est tout d’abord fondamental de garder en tête que ces pourcentages représentent des tendances et non des valeurs absolues. Un laboratoire analyse l’échantillon d’ADN. Puis, des ordinateurs croisent les résultats obtenus avec des données sur des groupes de populations historiques, dont on sait retracer le parcours à travers le temps, ainsi qu’avec les informations communiquées par les personnes testées (leur lieu de vie ou bien leur arbre généalogique, par exemple). C’est un algorithme qui, au bout du compte, est chargé de simplifier et traduire le tout en chiffres intelligibles.
“Il y a de nombreuses imprécisions”, pointe Nathalie Jovanovic-Floricourt, présidente de l’association DNA Pass. “Elles sont notamment liées au fait que les analyses parlent de nationalités, alors qu’en réalité, il s’agit de populations qui sont souvent transfrontalières.” Par exemple, lorsqu’on vous annonce que vous êtes “ibère”, cela recoupe une partie du sud-ouest de la France. Quant au diagnostic “anglais”, il englobe également la Bretagne et la Normandie…
Par ailleurs, comme chaque société constitue sa propre base de données, on a de fortes chances d’obtenir des conclusions différentes si on réalise plusieurs tests. Les infos délivrées se révèlent donc plutôt grossières.
Des révélations parfois étonnantes…
Mylène se croyait bretonne à 100 %. “Ma mère est issue d’agriculteurs du Finistère et toute la famille de mon père est ancrée en Ille-et-Vilaine”, précise cette octogénaire aux yeux bleu clair. Ses analyses ont pourtant établi qu’elle était un gros tiers “italienne” et 10 % “ibère”. “Je suis quasiment autant du Sud que du Nord !”, s’amuse-t-elle. On oublie que nos ancêtres ont parfois énormément bougé. “La France est un carrefour de l’Europe”, note Nathalie Jovanovic-Floricourt. “Beaucoup de navigateurs sont ainsi passés par la Bretagne.”
Pour comprendre d’où l’on vient, il ne faut pas trop se fier à la mémoire familiale, qui remonte rarement au-delà de deux ou trois générations. “Je me souviens d’une personne qui avait retracé sa généalogie en Bretagne”, rapporte notre spécialiste. “Elle pensait être enracinée depuis toujours dans cette terre, jusqu’à ce qu’elle se trouve un ancêtre espagnol. Installé en Bretagne, il avait tout simplement racheté un château et le nom qui allait avec !” Un test ADN peut ainsi, quelquefois, complètement modifier l’image que l’on avait de soi et de sa famille.
… et des découvertes bouleversantes
Marie-Laure était persuadée d’avoir le Cantal comme berceau familial. Au détour d’un test ADN offert par sa petite-fille, elle a eu une mauvaise surprise. “Apparemment, il y aurait un fort pourcentage d’Europe du Sud dans mes gènes, ce qui ne correspond pas du tout à mon histoire”, témoigne-t-elle. “Je pense que ces tests ne sont pas fiables ; mais peut-être aussi que quelqu’un de ma famille a menti…” Les kits commercialisés sont souvent qualifiés de “récréatifs”, car ils ne font pas de pronostics sur la santé. Mais ils touchent tout de même à l’identité, ce qui n’est pas rien.
D’autres surprises peuvent venir de la recherche de parents éloignés. Une fois qu’on a livré son ADN, l’entreprise propose de nous mettre en relation avec d’autres clients qui partagent un patrimoine génétique avec nous. Il s’agit d’une partie très fiable du test. Le site nous trouve aussitôt de nombreux “parents” dans le monde entier. Si l’on a rarement plus de 1 % d’ADN commun, cela peut toutefois être l’occasion de créer des liens… et de voyager. Internet regorge de témoignages de rencontres et d’amitiés tissées avec un cousin très éloigné, habitant au Texas ou au Brésil. Le succès de ces sites a enrichi leurs bases de millions d’utilisateurs, ce qui augmente d’autant plus nos chances d’agrandir la “famille”.
Il peut arriver qu’on tombe sur une personne beaucoup plus proche de nous. Une situation parfois… gênante. “J’ai découvert que je partageais 6 % de mes gènes avec une certaine Claire, qui vit en Angleterre”, confie Louise, 33 ans. “Cela fait d’elle ma cousine directe. Cela ne pouvait signifier qu’une seule chose : mon grand-père paternel n’est pas mon grand-père biologique.” Déterrer sans le vouloir un secret de famille n’est pas toujours agréable. Heureusement, c’est très rare. “Des études de généticiens spécialisés ont montré qu’il n’existait que 1 % d’enfants adultérins environ”, affirme Nathalie Jovanovic-Floricourt.